Le Sporting CP peut quitter Munich la tête haute, mais certainement pas le cœur léger. Car dans cette soirée européenne du 9 décembre 2025, les Lions ont fait bien plus que résister au Bayern : ils ont imposé leur rythme, bousculé l’ogre bavarois et mené au score pendant plus d’une heure dans une Allianz Arena médusée. Et pourtant, ils repartent avec une défaite 3–1 qui ne reflète ni leur performance… ni le déroulé réel du match.
Entre décisions arbitrales controversées et fautes non sanctionnées aux moments décisifs, le Sporting a eu le sentiment d’affronter deux adversaires : le Bayern, et un arbitrage étonnamment permissif.
Un Sporting remanié, mais héroïque
Privé de plusieurs titulaires, le Sporting n’en a pas moins proposé l’une de ses prestations les plus abouties de la saison. Compact, discipliné, agressif dans les duels, l’équipe a brillé par sa maturité. Mieux encore : elle a ouvert le score au retour des vestiaires, profitant d’un centre tendu qui pousse Kimmich à dévier le ballon dans ses propres filets.
À 1–0, dans un stade soudain fébrile, les Lions semblaient tenir l’exploit. Jusqu’à ce que la rencontre bascule dans une zone grise… celle située entre la loi du jeu et son interprétation.
65’ : l’égalisation du Bayern et les blocages ignorés
Le premier tournant intervient sur le corner qui amène l’égalisation bavaroise. Dans la surface, deux « bloqueios » — ces blocs interdits lorsqu’ils entravent un défenseur avec contact — sont clairement visibles : Josip Stanisic et Harry Kane s’interposent physiquement pour libérer la zone de frappe.
La loi 12 est pourtant claire : empêcher le mouvement d’un adversaire avec contact constitue une faute, sanctionnée d’un coup franc direct.
Mais l’arbitre ne bronche pas.
Le VAR non plus.
Certes, plusieurs joueurs du Sporting, dont Maxi Araújo, agrippent également leurs opposants — un accrochage mutuel qui a servi d’alibi pour laisser jouer. Mais cette lecture permissive a étonné, d’autant que ces blocages ont eu une incidence directe sur le but.
69’ : un tirage flagrant, un renversement injuste
Quatre minutes plus tard, le Bayern retourne complètement la situation — mais là encore, le climat est trouble. À l’origine du deuxième but, Jonathan Tah tire puis déséquilibre Suárez, récupérant illicitement le ballon avant que l’action n’aboutisse au but de Karl.
Le geste est visible, clair, évident : un tirage à deux mains, un déséquilibre qui coupe net l’action du Sporting.
Dans n’importe quelle configuration, cette faute doit être sifflée.
Et dans le protocole VAR, elle entre parfaitement dans les critères d’intervention : une faute claire et manifeste dans l’action menant à un but.
Silence.
2–1 pour le Bayern.
Et un Sporting KO debout.
Tensions, cartons… et un temps additionnel inexplicable
À peine le jeu reprend-il qu’une échauffourée éclate entre Kimmich, Hjulmand et plusieurs joueurs des deux camps. L’arbitre distribue deux jaunes — jusque-là, rien d’anormal.
Mais à partir de cet instant, le match semble lui échapper totalement.
Les minutes défilent, ponctuées de changements, de longues interruptions, de discussions, d’un contrôle VAR… et pourtant, lorsque le temps additionnel est annoncé, il n’y a que quatre minutes.
Quatre minutes pour :
- quatre buts,
- six entrées en jeu,
- des retards au moment des remises en jeu,
- deux avertissements,
- plusieurs examens VAR,
- et des contestations répétées.
Là où les standards actuels prévoient un additionnel généreux, cohérent, transparent, celui-ci paraît… minimaliste. Bien trop minimaliste pour permettre au Sporting d’espérer renverser ce qui ressemblait de plus en plus à un scénario injuste.
90+3’ : quand même le dernier espoir est stoppé irrégulièrement
Comme si la soirée devait se conclure sur une dernière controverse, Laimer fauche Mangas par derrière à l’entrée de la surface, sans intention de jouer le ballon, annihilant une action dangereuse.
Carton logique, certes — mais l’action illustre une constante du match : les Lions n’ont jamais été réellement protégés dans les duels, et les fautes qui leur coupaient des actions prometteuses n’étaient sanctionnées qu’après coup, lorsque le mal était fait.
Une performance gâchée, mais une identité consolidée
Le Sporting quitte Munich avec zéro point mais une certitude : à 11 contre 11, à armes égales, l’équipe a rivalisé. Elle a même dominé par séquences.
Son bloc a tenu.
Son courage a impressionné.
Et son plan de jeu a été clair, ambitieux, efficace.
Ce que les joueurs n’ont pas pu anticiper, c’est un arbitrage qui, volontairement ou non, a laissé glisser plusieurs situations clés en faveur du Bayern. Et dans le football moderne, où le VAR doit justement empêcher ces déséquilibres, ce genre d’épisodes laisse un goût amer.
Ce qui restera de ce match
Ce Sporting-là a prouvé qu’il pouvait faire trembler les géants d’Europe.
Ce Bayern-là a profité de l’expérience… et des largesses arbitrales.
Mais ce qui marquera les esprits, bien au-delà du tableau d’affichage, c’est cette impression tenace : celle que le Sporting méritait mieux. Beaucoup mieux.











